On prend vite goût aux tours de New York City. Motivé par la première ascension du Woolworth, on a voulu varier les plaisirs, et en faire une de nuit. Le Doubletree Hotel à Times Square est notre cible. Une tour Hilton de 43 étages dont le toit, depuis la rue placardée de néons, disparait dans le noir du ciel. En repérage la veille, on a vu que des portiers surveillaient l’entrée. Il fallait donc cette fois qu’on ait l’air de vrais touristes. Au placard la petite robe noire, short et basket Newfeel pour l’occasion.
GoPro dans le sac, on s’avance conformément aux instructions de Moses Gates. Je passe sans problème en souriant au gardien mais David qui me succède se fait intercepter. « Your key please? » « She has the key. » répond-il en me rejoignant dans l’ascenseur déjà ouvert. C’était pas loin. « J’ai vraiment une tête de terroriste ! » me dit David. Etre une femme n’est pas toujours un avantage en exploration mais quand il s’agit de montrer patte blanche, c’est un atout certain. On arrive dans le lobby principal de l’hôtel où un grand bar à cocktail accueille quelques personnes sur un sofa. Des ascenseurs à gauche mènent vers les chambres. On appuie sur le 43e et on est propulsé si vite en haut que mes oreilles se bouchent. Du 43e, il faut prendre l’escalier de secours B et ouvrir la porte coupe-feu qui donne sur le toit. Deux échelles plus tard et Times Square s’anime 500 feet en-dessous de nous. Les néons donnent le ton et font passer nos visages du vert au bleu au rose à chaque instant. C’est beau. Autour de nous, il y a plein de fenêtres allumées et si quelqu’un regardait dans notre direction, il pourrait facilement nous voir. Mais les tours sont si hautes et nous si petits qu’on se sent invisibles.
David décide de faire son Yamakasi et me demande de le suivre en haut du plot rouge qui est plus haut que la plus haute des antennes du toit. L’idée de basculer dans le vide me donne un haut le coeur et je reste bien en sécurité derrière la rambarde, pour appuyer sur le déclencheur. David escalade, reste perché quelques secondes pour que je prenne la photo – la même que vous pouvez voir en première page du blog – et il redescend vite de peur d’avoir été vu. En moins d’une minute, les sirènes de police se font entendre, de plus en plus fort. C’est sûr c’est pour nous, il faut se planquer. Comme dans les films ou dans les livres d’exploration que j’ai pu lire, il faut toujours laisser passer vingt à trente minutes avant que « ca se tasse ». Dans l’escalier de secours, on spécule. Finalement, on sortira séparément, moi d’abord avec les cartes SD, puis David à qui je donne des sous en cas de problème. L’hôtel est calme, il n’y a carrément personne, c’est louche. Quand j’atteins le rez-de-chaussée, c’est carrément le soufflé qui redescend, personne ne nous attend, et le portier me dit bonsoir. On a flippé pour rien.
David me rejoint de l’autre côté de la rue cinq minutes tard. Lui a cru que les flics m’avaient dejà embarquée et mis les voiles. Ca sera pour une autre fois.
Une des choses que nous attendions le plus à New York, ce sont ses ponts suspendus. Ils sont si beaux de nuit comme de jour, c’est un plaisir de les contempler… et de les grimper. Un classique à New York depuis leur construction à la fin du 19e siècle. Après la catastrophe du 11 septembre, la vigilance est renforcée sur certains mais de nombreux explorateurs s’y risquent tout de même.
On a passé une bonne journée à chercher les meilleurs points de vue pour les filmer et les photographier. Dans le but de faire de beaux travellings de ponts, on avait même transporté un rail de 80 cm et de 5kg depuis Paris ! On l’a testé sur le toit de la Columbia University à la 168e rue, où l’on a pu se rendre grâce à une copine chercheuse. De là, il y a une belle vue sur le pont Washington qui relie Manhattan au Bronx. Manque de bol, le rail est bien trop petit et ne fait aucune différence au visionnage. Un hélico ou notre camper van seront plus efficaces. Le rail pour les plans larges, faut oublier, on se le garde pour les intérieurs.
En se rapprochant du Brooklyn Bridge, on se dit qu’il n’a pas l’air très haut, ni dur, mais qu’il est très exposé. Les voitures y circulent dans les deux sens et une fois sur les câbles, impossible de se cacher. Aussi, des ouvriers semblent travailler jour et nuit à sa rénovation…
Le réveil sonne à minuit quarante-cinq. Café, cookie, douche comme un jour d’examen. La musique de Rocky me trotte dans la tête. Après avoir passé la journée à admirer le Brooklyn Bridge, on se prépare à l’escalader pour la première fois. Quand on arrive, il est déjà 3h30. Un peu tard quand on sait qu’il faut être redescendu avant 4h. On s’avance et là… C’est le drame. Les ouvriers que l’on a vu travailler la journée sont perchés sur les câbles pinceaux à la main ! Le pont est en train d’être repeint. Tout tombe à l’eau !
On traîne un peu en admirant la vue et on fait la connaissance de Frankie.
Frankie est peintre spécialisé dans les ponts et nous refait l’histoire de New York. Le Brooklyn Bridge est le premier à avoir amené du trafic dans Manhattan et aussi le deuxième plus vieux. En insistant un peu, il nous aurait presque fait monter avec son harnais, mais finalement, on repart vers le Manhattan Bridge en repérage. Sur le pont, on rencontre Wallace, un jeune grimpeur de ponts qui fête son retour à NYC après huits mois en Floride. Il a bu mais tient quand même à nous faire une démo en grimpant sur une barrière à deux mètres du sol.
A Paris, je rêve souvent d’être une touriste et de découvrir la ville pour la première fois pour voir ce que ca fait. A New York, c’est un peu cette magie qui opère, chaque rue est inconnue, chaque rencontre nous ravit… Quand je filme, j’aime rester ouverte aux évènements qui se produisent car souvent, le destin fait bien les choses ! En plus de l’exploration, nos rushes sont aussi fait de ces rencontres fortuites. Les New-Yorkais aiment discuter et ne sont pas si pressés qu’on veut bien le faire croire.
B&H épisode 2
On vous avait parlé de nos problèmes de carte SD dans le premier post. Je peux désormais clore ce chapitre par une mauvaise nouvelle, on va devoir renoncer aux images du Woolworth. Restaurer cette carte nous coûterait bien trop cher par rapport au budget. On a rendu les cartes défectueuses à B&H en échange d’une ristourne sur des cartes CompactFlash. Plus question de toucher à une SanDisk.
Depuis une semaine, on a marché, beaucoup, au point d’en avoir les mollets enflés, et pris le métro, beaucoup, au point d’avoir presque finit mon roman de 300 pages commencé en arrivant ! J’ai même découvert une technique très confortable pour dormir dans le métro : caler une petite bouteille d’eau vide sous son cou pour amortir les chocs. Testé, approuvé.
Mais la marche et les transports en commun, c’est fini dès demain car on récupère notre van américain. Le lieu de rendez-vous est dans un des quartiers les plus hypster de NYC, j’imagine déjà le loueur aux tatouages assortis à ceux de ses voitures…
Merci pour tous vos messages !
We quickly get the taste for New York City towers. Motivated by our first ascent of Woolworth, we wanted to make one by night. The Doubletree Hotel in Times Square is our target. A 43-storey Hilton Tower which roof, viewed from the street plastered with neon lights, disappears into the black sky. While scouting the day before, we saw that the entrance was watched by two gatekeepers. We had to look like real tourists that time. My little black dress can stay in the wardrobe, we will wear shorts and Newfeel sneakers.
GoPro hidden in the bag, we move according to Moses Gates’ instructions once again. I pass without any problem smiling at the guard but David who is behind me is beeing stopped. « Your key please? » « She has the key. » he responds while joining me in the already open elevator. « I really have a terrorist face! » David told me. Being a woman is not always a good thing in exploration but when it comes to this, it is definitely an asset. We arrive in the main lobby of the hotel where a large cocktail bar hosts a few people on a sofa. Lifts to the left lead to the rooms. I press on 43 and we are powered up so fast that my ears are clogged. 43rd floor, take the emergency stairs B and open the fire door leading out onto the roof. Two ladders later and Times Square is 500 feet below us. Neon lights set the tone and make our faces go from green to blue to pink at every moment. It’s beautiful. Around us, there are plenty of lighted windows and if someone looked in our direction, he could easily see us. But the towers are so high and we are so small that we feel invisible.
David decided to go Yamakasi and asked me to follow him up the red cube which is higher than the highest spire on that roof. The idea of tipping over the top makes me feel terrible and I stay safe behind the rail, to take the picture. David stands a few seconds, long enough to take that shot, the same that is on the frontpage of the blog. He comes down quickly fearing of being seen. In less than a minute, we can hear the police alarm coming from Times Square. It’s louder and louder. For sure, we’ve been seen, we have to hide. Like in any movie or exploration books I’ve read, one should always wait 20 to 30 minutes before « it settles ». In the emergency staircase, we speculate about our near future. Finally, we come out separately, me first with the SD cards and then David whom I give a few dollars in case it sucks. The hotel is quiet, there is nobody in the lobby which I find suspicious. When I reached the ground floor, the suspense is over. No one is waiting for us, and the doorman tells me goodnight. We freaked out for nothing.
David joined me on the other side of the street 5 minutes later. He believed that the cops had picked me up already. Another time maybe.
One of the things we expected the most in New York, are its suspension bridges. They are so beautiful, night and day, it is a pleasure to admire them… And to climb them. A classic in New York since their construction in the late 19th century. After 9-11, security has been reinforced on some of them but many explorers venture there anyway.
We spend a nice day looking for the best points of view to film and photograph the bridges. In order to make beautiful travellings, we had taken a 80 cm and 5kg slider from Paris! We tested it first on the roof of the Columbia University 168th Street, where we could go thanks to a researcher friend. From here, there is a beautiful view of the George Washington Bridge that connects Manhattan to the Bronx. Bad luck, the slider is too small and makes no difference at all for the pictures. A helicopter or our camper van will be more effective for that. Sliders for wide shots is bullshit, we’ll keep it for the interiors.
While approaching the Brooklyn Bridge, we notice it does not look that high or even hard to clim, but it is very exposed. Cars are coming in both directions and there’s nowhere to hide on the cable. At last but not least, workers seem to work day and night to its renovation…The alarm goes off at 0:45. Coffee, cookie, shower like in an examination day. The Rocky soundtrack is running through my head. After spending the day admiring the Brooklyn Bridge, we are getting ready to climb it for the first time. When we arrive, it’s already 3:30. A little late when you know you should be back down before 4am. But that won’t make any difference because… the workers that we saw during the day are perched on the cables holding brushes! The bridge is being repainted. Everything can be cancelled! Operation bridge over.
We hang out a little bit and met Frankie.
Frankie is a painter specialized in bridges and he tells us about his city. The Brooklyn Bridge was the first to bring traffic into Manhattan and also the second oldest. Insisting a bit, he would have given us with a harness to climb up, but eventually, we’re heading towards Manhattan Bridge. On the deck we make another encounter. Wallace, a young bridge climber who celebrates his return to NYC after 8 months in Florida. He’s drunk but still wants to give us a demo and climbs a fence 2 meters above the ground.
In Paris, I often dream of being a tourist and explore the city for the very first time. In New York, this magic is happening, every street is unknown, every encounter is charming… When I shoot, I like to keep an eye open for unforseen events, because everything happens for a reason! In addition to exploration, our video rushes are also made of these beautiful encounters. New Yorkers like to talk and are not as in a hurry as people want to believe.
B&H episode 2
We had talked earlier about our SD card problems. I can now close this chapter with a bad news, we have to abandon the images of Woolworth ascent. Restore this card would cost us way too much. We gave the defect cards back to B&H, and in exchange they made a discount for CompactFlash card. No way I use a SanDisk again.
Since a week, we walked a lot, until we got swollen calves, we took the subway, so many times that I almost finished my 300-page novel begun 4 days ago! I even found a brilliant technique to sleep in the subway: put a small empty water bottle under my neck to absorb the shocks and sleep. Tested and approved.
But walking and public transport will be over by tomorrow because we are going to get our American van!Thanks for all your messages!
Bravo pour le récit, qui nous tient en haleine et les images spectaculaires !
Woaahhh… Les photos me laissent sans voix… J’ai envie de retourner à NYC car je ne l’ai jamais découverte comme vous le faites… J’en suis jaloux !!
Superbes photos et de l’adrénaline en prime
Bravo à tous les deux
Pour agrémenter la lecture de cette page (et éventuellement pour le film!):
https://www.youtube.com/watch?v=VrSizc1zE4A