Catskills

Catskills

Alors que l’Amérique, ses drapeaux et ses sheriffs commençaient à nous faire un peu peur, on a trouvé refuge dans les paisibles Catskills. Pas très loin de Woodstock, la région a gardé un je ne sais quoi de hippitude et son environnement, bien que délabré, semble moins nous épier. Ellenville, la ville aux voitures rouillées et aux gazons en bataille nous retiendra deux nuits plutôt qu’une. Le point d’ancrage idéal pour explorer la poignée d’hôtels qui se trouve sur notre carte.

De la même manière que dans les Poconos, les touristes autrefois nombreux ont cessé de venir séjourner ici, et la crise de 2008 est venue porter le coup de grâce à de nombreux resorts déjà en manque de clients. L’hôtel Nevele que nous visons en premier a fermé en 2009. Malgré la volonté des nouveaux propriétaires d’en faire un casino pour redynamiser la région, l’Etat de New York n’a toujours pas donné son feu vert, nous laissant ainsi la chance d’y faire un tour…

Sur une échelle de 1 à 10, David place le coefficient de difficulté à 8, tandis que je suis plus optimiste. Le terrain de golf qui entoure l’hôtel est immense et permet d’arriver de tous les côtés. Quoi qu’il en soit, l’exploration risque de durer longtemps…

Il est un peu moins de 14h quand on se gare dans un coin de forêt éloigné du domaine. Avec nous, le téléphone pour Google Maps, nos passeports en cas d’arrestation, des barres céréales et Shinda qui attend patiemment de voir sa nouvelle demeure.

Un jardinier parcourt le golf sur sa tondeuse rouge, le bruit de son moteur nous permet de soigneusement l’éviter tandis qu’un gardien somnole à l’entrée. Il nous faudra une heure pour enfin atteindre le pied de la tour bien connue du Nevele dont les caméras semblent dater d’avant la fermeture. On se hisse discrètement sur le toit de la chaufferie où une porte donne sur le dressing du personnel. Ouverte !

Urban Escape | Catskills n°1

Il est trop tôt pour crier victoire. Un hôtel fraîchement racheté sur lequel plane un projet de plus de 400 millions de dollars n’est sûrement pas dénué de toute sécurité. Il faut guetter la moindre caméra.

L’escalier que nous descendons à pas de chat s’ouvre sur un auditorium. La scène ressemble plus au Pentagone qu’à un hôtel à cause du pupitre et du drapeau faisant face à la salle vide. On continue vers le lobby. Des panneaux y indiquent la direction des différents lieux de réjouissances, casino, piscine, mini golf…

On se frotterait presque les mains quand… David voit un capteur passer au rouge ! On a été repéré, il faut courir se cacher. A toute vitesse, je filme notre cavalcade le cœur battant. Les crissements de pneus sur les graviers se font entendre au bout de vingt minutes. De la chaufferie dans laquelle on se planque, difficile d’en savoir plus, s’ils sont plusieurs, s’ils sont rentrés à l’intérieur, s’ils ont des chiens ou s’ils nous attendent à la sortie. La perspective d’une arrestation se rapproche d’un coup et David et moi nous scrutons du regard. Le sucre des barres céréales m’apaise dans l’attente. Patience.

Urban Escape | Catskills n°2

Après deux heures, c’est le moment de tenter une sortie. Mais ne serait-il pas dommage de ne pas faire au moins une photo ? Shinda a bien mérité son Pentagone. Tout doucement, on retourne vers la salle de spectacle. Si quelqu’un est encore dans l’hôtel, il entendra forcément le clic clac bruyant de l’appareil photo. Les tueurs à gage ont une option silencieux sur leurs pistolets, pas les photographes. Un clic fatal et c’est peut être la prison à en croire les panneaux… C’est le risque à prendre. Mais personne n’est là et nous repartons comblés vers la sortie. Sur le chemin emprunté à l’aller, d’autres traces se sont ajoutées aux nôtres, celle de la voiture qui a roulé dans l’herbe à notre recherche.

Urban Escape | Catskills n°3

Le lendemain, on visite cinq hôtels au pas de course. A la recherche de beaux bowling, salles de bal ou encore de cartes postales d’époque qui feraient de jolis cadeaux à nos KissBankers. Mais il sont presque tous en ruine et n’ont pas le charme espéré. Tous sauf peut être le Grossinger que nous atteignons en dernier.

Il a une piscine sous verre qui mérite une photo. Shinda pose en haut du plongeoir en s’agrippant pour ne pas tomber dans l’eau noire du bassin. Vu l’état des murs, le plongeoir pourrait bien s’écrouler lui aussi. Dans la pièce à côté, le plancher composé de plaques de bois humide, semble prêt à plier. « C’est trop dangereux par là » dis-je à David en refusant de passer. Et alors qu’il se retourne pour venir me chercher je vois le plancher s’écrouler sous ses pieds.  Il s’enfonce d’un mètre dans le sol avant de se rattraper avec les bras. Plus de peur que de mal mais il vaut mieux s’en aller. « Je n’avais jamais traversé de plancher avant » me dit-il. C’est donc chose faite.

Urban Escape | Catskills n°4

Les Catskills sont une parfaite retraite de brigands. Comme dans les livres que je lisais étant petite, on se baigne dans les cascades la nuit tombée avant notre prochain crime. Ce soir, la pleine Lune se reflète dans le ruisseau et c’est encore plus beau. Personne ne semble vouloir nous déloger de la grange blanche derrière laquelle nous avons élu domicile près de la route. Chaque soir vers 22h, un nuage répand sa brume dans la plaine et nous offre un beau spectacle.

Les lampions récupérés au Spring Mountain resort viennent donner à notre soirée crêpe un air de 14 juillet. Cet endroit à quelque chose de parfait et c’est l’image que l’on garde des Catskills en lui disant aurevoir.

Nous continuons vers le nord à la rencontre d’autres explorateurs. Le prochain sera Ian Ferrence du site Kingtson Lounge, qui au téléphone se vante d’avoir déclenché vingt capteurs sans aucune arrestation. Ca promet…

Urban Escape | Catskills n°5

While America, its flags and sheriffs began to scare us a little bit, we found peace in the Catskills. Not far from Woodstock, the region has a little something of hippie attitude and its environment, though dilapidated, doesn’t seem to watch as much as New Jersey. Ellenville, the city of rusted cars and wild lawns retained us for two nights instead of one. The ideal basecamp to explore the bunch of hotels that are on our map.

Like in the Poconos, many tourists have stopped to come here and the 2008 crisis burried even more many resorts which already lacked customers. Nevele, the first hotel we targeted, closed in 2009. Despite the efforts of the new owners to rebuild it into a casino and revitalize the region, the State of New York has still not given the green light, leaving us the chance to have a look at it…

On a scale of 1 to 10, David set the degree of difficulty to 8, while I am more optimistic. The golf course surrounding the hotel is huge and allows to reach it from all sides. Anyway, the exploration is likely to last long…

It is about 2pm when we park in a wooded area away from the Nevele. We carry our phone with Google Maps, our passports in case of arrest, cereal bars and Shinda waiting quietly to see her new home.

A gardener rides through the golf course on his red lawn mower, the sound of its engine allows us to carefully avoid it while a guard is sleeping at the entrance. It will take us an hour to finally reach the foot of the well known Nevele tower whose cameras seem to be from another age. We climbed on the roof of the boiler room where a door leads into the staff dressing room staff. Open!

It is too early to claim victory. A freshly acquired hotel, over which hang a 400 million dollars project is certainly not devoid of any security. We must watch for any cameras.

We go down a stair that opens on an auditorium. The stage looks more like the Pentagon than a hotel because of the flag and the reading desk facing the empty room. We continue towards the lobby. Signs indicate the direction for various activities, game room, swimming pool, mini golf…

We almost think we made it when… David sees a sensor turning red! We were spotted, and must run to hide. I filmed our ride my heart beating. We hear the screeching of tires on the ground 20 minutes later. From the engine room in which we stash, it is difficult to say, if there are several people, if they are inside, if they have dogs or if they are waiting for us at the exit. The prospect of an arrest is getting close and David and I are starring at each other. The sugar of the cereal bars calms me down. Patience. After two hours, it’s time to try find a way out. But would not it be a shame not to make at least one shot? Shinda deserved the Pentagon. Slowly, we go back to the stage. If someone is still in the hotel, he will necessarily hear the loud clic clac of the camera. Killers have a silent option on their guns, not photographers. A fatal click and it may be the prison if we believe the signs « Trespassers will be prosecuted »… This is the risk we have to take. But no one is there and we leave the hotel pretty happy.

The next day, we visit five hotels very quickly. Seeking beautiful bowling, ballrooms or vintage postcards for our KissBankers. But they are almost all in ruins and don’t have the charm we hoped. All except perhaps the Grossinger hotel which we reach last.

It has a swimming pool worth a picture. Shinda lays on top of the diving board, clinging not to fall into the black water of the pool. Given the state of the walls, the diving could collapse as well. In the next room, the floor composed of wet wood, seems ready to fold. « It’s too dangerous there » I say to David. And as he turns to pick me up, I see the floor collapsing beneath his feet. He sinks a meter in the ground. Luckily not hurt but it’s better to go. « I never went through a floor before » he said. Now you did…

The Catskills are a perfect retreat for bandits. Like in the books I used to read as a child, we shower in the waterfalls at nightfall before our next crime. Tonight, the full moon is reflected in the small river and it is even more beautiful. Nobody seems to want us leave the white barn behind which we camp. Every evening around 10pm, a cloud spread its mist in the valley and gives us a wonderful show.

The lanterns found at the Spring Mountain resort gives our pancake evening a 4th of july style. This place has something perfect and it is the image we keep of the Catskills when saying goodbye.

We are heading North to meet with other explorers. The next one is Ian Ferrence, who has the website Kingtson Lounge. On the phone, he tells me proudly having set twenty sensors off without one single arrest.  Nice program…

12 Commentaires

  1. jerome bouk · 22/08/2013 Reply

    Ca promet pour le film !! Bonne chance !

  2. sapin · 22/08/2013 Reply

    magnifique!!!!

  3. sapin · 22/08/2013 Reply

    bonne chance pour la suite!!!

  4. Florence de Groot · 22/08/2013 Reply

    Superbe photos, superbe texte !

  5. Hapaks · 24/08/2013 Reply

    Je découvre le blog aujourd’hui. Bravo à tous les deux: superbe travail, très beaux textes et très belles photos!

    Keep up the good job.

    CL

  6. sam · 26/08/2013 Reply

    Good work guys, loving your adventure!

  7. Adrien · 26/08/2013 Reply

    Je découvre votre blog aujourd’hui même… Et le dévore des yeux! Superbe, bonne chance pour la suite de vos aventures!

  8. Luc · 28/08/2013 Reply

    Chaude exploration !!!

  9. Adgve · 30/08/2013 Reply

    Beaucoup de photo des années 70 de l’hotel nevele… c’est vraiment impressionant.

  10. gilles · 31/08/2013 Reply

    C’est super, genial et magnifiquement narré.
    Le projet tient ses promesses et le déroulement nous tient en haleine.
    Bonne continuation à tous les deux et RDV en novembre pour la suite !!!!!
    Le comité de validation du FIJ se joint à moi pour vous souhaiter bonne route

  11. Fabienne · 07/09/2013 Reply

    Je trouve votre projet passionnant et le rendu est tout à fait génial! Bravo à vous 2 .

  12. Phil · 16/10/2013 Reply

    Impressionant !! bon courage pour la suite.

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